“Respectez nos voies”
Julie a 35 ans, elle vit à Paris depuis plus d’un an après avoir habité Strasbourg, et circule à vélo depuis quinze ans.
T’as Vu Mon Vélo ? est allé la retrouver à la Butte-aux-Cailles, dans le treizième arrondissement.
C’est quoi, pour toi, le vélo en ville ?
C’est une nécessité autant qu’une évidence. Même si le mauvais temps dirige encore parfois mes pas vers une bouche de métro, une fois sur ma selle, je ne boude que rarement mon plaisir. Il m’arrive souvent de chantonner ou de sourire, c’est le fameux “bikey face”.
Qu’apprécies-tu particulièrement dans le vélo à Paris ?
Outre l’agrément de circuler dans une ville-musée, j’aime particulièrement dévaler les grands boulevards dans les couloirs de bus ; c’est une sensation presque similaire à ma pratique strasbourgeoise du vélo.
Par ailleurs, je trouve intéressant de partager la rue avec tous les usagers au lieu d’être cantonnée à une piste cyclable. Ça permet de sensibiliser les automobilistes, les chauffeurs de bus et les deux-roues motorisés à la présence des vélos. Ça invite les cyclistes à s’imposer, à rouler au milieu, à occuper l’espace. On a le droit d’être là. Trois vélos de front suffisent à pacifier le trafic.
Qu’est-ce qu’il faudrait améliorer, d’après toi ?
J’ai habité Strasbourg (quatrième ville cyclable d’Europe, selon le classement Copenhagenize !) pendant plus de dix ans, et forcément la comparaison ne tourne pas à l’avantage de Paris. Depuis le début des années 90, Strasbourg a fait en sorte d’adapter ses rues, sa voirie, son urbanisme et son stationnement à la culture vélo, sur le modèle des villes d’Europe du Nord. Ainsi, les habitants ont pris le pli, le vélo est entré dans les mœurs, c’est quasi normal.
Paris a pris beaucoup de retard, car, malgré l’avènement heureux du Vélib’, elle a conservé un urbanisme pour le tout-motorisé, qui a conquis sans trop lutter ses droits sur la route et n’entend pas les partager. Les cyclistes sont, la plupart du temps, parqués dans des zones mal conçues, trouées dans leur bitume, pavées, obstruées et parfois dangereuses. Le plan vélo 2015-2020 de la mairie de Paris est ambitieux et c’est tant mieux, je suis certaine que les choses vont s’améliorer côté infrastructures, parce que c’est comme ça qu’on va aider les “non convertis” à se lancer, mais je crois qu’il faudra davantage de temps pour modifier les comportements des autres usagers de la route, et l’opinion des pouvoirs publics (cf la frilosité du gouvernement sur l’indemnité kilométrique vélo, l’obligation de port du casque pour les moins de 12 ans alors qu’ils ne peuvent même pas circuler à vélo en dehors de la cour de leurs immeubles…). Heureusement que les associations font entendre la voix des cyclistes !
C’est quoi ton bon plan, ton astuce ?
Roulez au milieu de votre voie et rendez-vous visible.
Soyez attentifs à l’entretien de votre vélo, surtout les freins et l’éclairage. N’hésitez pas à pousser la porte des ateliers d’autoréparation parisiens : Vélorution à Bastille, La Cyclofficine à Pantin, dans le 20e et à Ivry, Bicyclaide à Gennevilliers… Vous apprendrez à réparer votre vélo dans une bonne ambiance, c’est forcément gratifiant, ça vous rendra très ami(e) avec votre bécane. Enfin, si bricoler ne vous tente pas, vous pourrez bientôt faire appel à moi pour ça, je vais commencer une formation de mécanicienne cycles. D’ailleurs, si vous lisez ces lignes et que vous voulez coacher une apprentie, faites signe au taulier qui transmettra, ou contactez-moi via Twitter @chulinetti.
Merci Julie !
Chers lecteurs, si vous voulez proposer un apprentissage à Julie, n’hésitez pas !