août 2015

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Antoine T. a appris à faire du vélo au bois de Vincennes, c’est dire s’il est parisien. Mais il a aussi vécu ailleurs, à Lyon, Berlin ou Kyoto par exemple, trois villes où le vélo a une très grande place. En 2007, comme beaucoup de Parisiens, il s’est mis au Vélib’, mais depuis janvier dernier il possède désormais son vélo à lui.

T’as Vu Mon Vélo ? l’a retrouvé près du Père-Lachaise, où il était venu renforcer les défenses de son équipe au jeu Battle Paris. Laquelle ? Belleville, il en porte le T-shirt.

C’est quoi, pour toi, le vélo en ville ?

Au départ, c’est surtout un moyen de transport, en particulier tard le soir : pas besoin de vendre un organe pour se payer un taxi. Par la force des choses, le vélo est aussi un exercice physique : il se trouve que j’habite à Ménilmontant, au sommet d’une côte franchement raide. La serveuse du bar en bas de chez moi a coutume de dire que pour cette raison, c’est à Ménilmontant qu’on a les plus belles fesses de Paris.

Je suis aussi un participant régulier de Cycling for libraries, une initiative pour promouvoir à vélo la liberté d’expression et d’accès à l’information. Par conséquent, le vélo en ville, pour moi, c’est aussi faire le tour de certaines places à Montpellier, Lyon ou Strasbourg en faisant jouer la sonnette et en parlant avec les gens.

Qu’apprécies-tu particulièrement dans le vélo à Paris ?

Un truc bête : la voirie est plutôt en bon état. Quand j’habitais Lyon, j’utilisais abondamment les Vélo’v mais j’étais très gêné par le mauvais état de la chaussée. Ce que j’aime bien aussi, c’est que les voitures roulent suffisamment lentement et sont assez attentives aux deux-roues. Pour avoir fait un peu de vélo dans le sud de la France, je sais que ce n’est pas partout comme ça…

Qu’est-ce qu’il faudrait améliorer, d’après toi ?

Même s’il y a de plus en plus de pistes et de contresens cyclable, il reste difficile de circuler dans certains endroits, notamment sur les grandes places et dans tout l’ouest de la capitale. La municipalité a enfin pris en considération les revendications des associations comme MDB ou Vélorution, qui soulignent la nécessité de soutenir le développement du vélo pour désengorger la circulation et réduire la pollution atmosphérique. Du coup, j’attends beaucoup des réalisations des prochaines années.

J’aimerais aussi qu’il y ait plus d’endroits où l’on puisse attacher son vélo en sécurité, peut-être des garages, ou des petits box, comme cela se fait dans certains pays, car tout le monde n’a pas accès à une cour d’immeuble sécurisée.

Enfin, je rêve de voir renaître Vélibmontant, une course de Vélib’ qui était organisée dans le 20e il y a quelques années… avant que je n’arrive dans le quartier.

C’est quoi ton bon plan, ton astuce ?

Fréquenter un atelier d'auto-réparation comme la Cyclofficine, où l’on peut apprendre à régler et réparer son vélo. Ils en vendent aussi, qu’ils ont assemblés à la Frankenstein à partir de bicyclettes récupérées : c’est là-bas que j’ai acheté mon vélo actuel, un fidèle destrier nommé Constantin.

Sinon, passer son Vélib’ à quelqu’un quand on arrive à la borne et qu’il reste du temps. Je sais que ce n’est pas vraiment autorisé, mais c’est sympa, et les gens sont agréablement surpris qu’on leur fasse confiance. Je fais ça depuis des années, et il n’est arrivé qu’une seule fois que le Vélib’ ne soit pas rendu dans les délais – j’ai eu une amende. Mais si c’est le prix à payer pour faire confiance aux autres, ça me va.

Merci Antoine !

Les photos de cette série sont sous license Creative Commons (CC BY-NC-SA) avec la permission du modèle. Cette license permet de partager les images plus librement.

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Camille C. vit à Paris depuis dix ans mais travaille à Montreuil depuis 4 ans. C’est à ce moment-là qu’elle s’est mise au vélo, elle est passée de trois quarts d’heure de RER/métro à 15 minutes de vélo… ça a changé sa vision de la ville. Depuis, été comme hiver, elle pédale tous les jours.

C’est quoi, pour toi, le vélo en ville ?

C’est mon moyen de transport quotidien. Tous les matins, je prends mon sac à dos, mon chien et mes baskets pour me rendre au travail. Ensuite, si je sors dans des quartiers pas trop éloignés, je pédale aussi… mais je garde toujours un carnet de tickets de métro, au cas où il me faudrait traverser Paris.

King Kong, mon bouledogue, est habitué au vélo depuis ses 2 mois, je l’emmène tous les jours au boulot. Il aime courir à côté de moi, mais sa race ne lui permet pas de le faire tout au long du trajet, alors, par sécurité, je le mets dans le panier la moitié du temps.

Qu’apprécies-tu particulièrement dans le vélo à Paris ?

J’adore le fait d’être en plein air (contrairement au RER, au métro), de me sentir libre. On peut utiliser le vélo pour de petites distances comme pour de plus grandes. C’est toujours très rapide. Sauf crevaison (ce qui est rarissime), le vélo est très fiable. On sait toujours à peu près combien de temps l’on va mettre. Pas de retard de train, pas de grèves, pas d’“incidents voyageurs”. Même lorsqu’il y a des bouchons, on ne perd jamais plus de quelques minutes.

J’aime l’idée que ça ne pollue pas et, par-dessus le marché, ça me fait faire une mini-séance de sport matin et soir.

Qu’est-ce qu’il faudrait améliorer, d’après toi ?

Au-delà de l’infrastructure qui mériterait d’être bien plus développée (pistes cyclables partout, code de la route spécial…), le vrai problème, à mon sens, reste les tensions avec les autres usagers de la voie publique. Les piétons râlent si on a le malheur de passer sur un trottoir, les automobilistes klaxonnent si l’on est “trop sur la route” à leur goût, ce qui arrive bien souvent parce qu’un camion de livraison bouche la piste cyclable… L’intolérance et la malveillance sont fatigantes, par moments, et couperaient presque l’envie de faire du vélo.

D’autant qu’être à vélo est une chose, avoir un chien à vélo en est une autre. Beaucoup s’en mêlent et y vont de leur réflexion. Heureusement que la plupart du temps, j’ai droit à des grands sourires…

C’est quoi ton bon plan, ton astuce ?

Pour les amateurs de chiens, je conseille le panier-cage en osier, qui permet d’habituer le chiot lorsqu’il est vraiment tout petit. Au bout de quelques trajets, on enlève le couvercle à barreaux en gardant le chien attaché, et en à peine quelques mois, il comprend et ne bouge plus.

Merci Camille !

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Olivier M. a fait du vélo pendant huit ans à Paris. Il vit maintenant à Bruxelles, où il ne pédale plus autant, mais il prend son Brompton pliant ou un Vélib’ lorsqu'il repasse dans le coin.

T’as Vu Mon Vélo ? l’a photographié à Bercy.

C’est quoi, pour toi, le vélo en ville ?

Pouvoir aller plus vite d’un point A à un point B. Mais pas trop vite non plus ; ça laisse le temps de regarder la ville, les passants. Ça offre une belle autonomie, cela évite de dépendre des transports en commun et de se soucier de l’heure qu’il est.

Qu’apprécies-tu particulièrement dans le vélo à Paris ?

J’adore chercher des trajets moins directs, plus calmes. Quelques fois pour des raisons pratiques, pour éviter une colline par exemple, d’autres juste pour le plaisir de rouler au bord de la Seine la nuit. Paris a une taille idéale et un fleuve qui permet de ne pas trop se perdre.

Qu’est-ce qu’il faudrait améliorer, d’après toi ?

Supprimer les pistes cyclables très dangereuses, comme celles des boulevards de Charonne et Magenta, et nous donner des voies de bus bien larges. Sinon, j’ai toujours bien aimé Paris et je trouve que les automobilistes sont devenus assez attentifs. La force du nombre, peut-être…

C’est quoi ton bon plan, ton astuce ?

Le même qu’en voiture ou à pied : respecter le code de la route et regarder loin pour pouvoir anticiper au plus vite le comportement de tous ceux avec qui je partage la chaussée.

Merci Olivier !

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Chihab H. est directeur artistique à Paris. Il est aussi le copain de Lauraine, dont le portrait a été publié la semaine dernière.

T’as Vu Mon Vélo ? les a croisés près de Ménilmontant.

C’est quoi, pour toi, le vélo en ville ?

Le moyen le plus pratique et rapide pour se déplacer à Paris, mais aussi pour faire des rencontres avec des motards au feu rouge.

Qu’apprécies-tu particulièrement dans le vélo à Paris ?

La sensation d’indépendance vis-à-vis des contraintes des transports. Surtout, la liberté de se déplacer un peu partout dans la ville, notamment quand il fait beau… d’aller où tu veux, quand tu veux. De plus, c’est écologique et ça fait travailler les cuisses ! Imaginez que tout le monde roule à vélo, un peu de silence ne serait pas du luxe pour les Parisiens…

Qu’est-ce qu’il faudrait améliorer, d’après toi ?

Il y a eu beaucoup d’évolutions depuis ces dernières années à Paris, mais il y a encore du chemin à faire pour mettre en place des pistes cyclables balisées pour ne pas servir de parking aux automobilistes, camions de livraison, etc. Bien sûr, les améliorations ne serviront à rien si les gens ne font pas preuve de civisme – et c’est aussi valable pour nous, les cyclistes. Il faut souvent avoir du sang-froid et de très bons freins, car les rues sont surchargées.

C’est quoi ton bon plan, ton astuce ?

Mon astuce ? Laisser ma copine rouler devant moi en jupe, c’est comme d’avoir un cortège qui vous ouvre le chemin… Sinon, parfois, prendre une rue parallèle aux grands axes réduit le risque d’accident et le stress. Se créer une bulle de sécurité autour de soi pour anticiper les risques et, surtout, il faut rester concentré car une ravissante jeune fille sur un vélo, c’est tellement…

Ride in peace !

Merci Chihab, et bonne route à toi aussi !